Vendredi 7 novembre 5 07 /11 /Nov 18:01

Tags de l'histoire : bondage soft ; teen ; érotisme ; D/s ; pieds

 

Vendredi 16 Décembre 2006

 

Première année d’université.

 

Je rentre pour les fêtes de fin d’année dans ma petite ville natale. Une grande soirée de retrouvailles est prévue pour tous les copains de lycée dans la maison d'un pote.

 

Manon vient me chercher à la gare, sur le quai elle attend, grande, belle, mince, vêtue d’un trois quart croisé bleu marine, la bouche cachée par une écharpe en laine, me cherchant du regard au milieu d’une nuée de voyageurs impatients d’arriver. A peine descendu elle me saute dans les bras et me serre le cou.

 

-          - Ahhhh que je suis contente ! S’exclame-t-elle émue.

 

Je lui réponds par un large sourire, moi aussi content de la retrouver. J’ai fait tout mon lycée avec Manon et nous avons passé les meilleurs moments de notre lycée ensemble. Nous avons partagé les meilleures soirées de notre adolescence. Repas entre amis, soirées arrosées, soirées en boîte, soirées expérimentales, soirées foireuses, … Nous étions de bons copains. Mais Manon avait passé tout son lycée à être amoureuse de garçons qui ne lui rendaient pas nécessairement l’affection qu’elle demandait. Alors elle avait passé beaucoup de temps dans mes bras et ceux de nos copains à réclamer du réconfort.

 

Si la question du sexe avait été posée dès le début entre elle et moi, jamais nous n’avions franchi le pas.

 

-          - Tu es mon ange-gardien, m’a-t-elle dit un soir d’hiver alors que la déprime adolescente de l’époque nous submergeait de sa noirceur.

 

Mais les choses ont évoluées, son regard a changé, son visage me paraît moins enfantin, son sourire est déjà plus radieux. Les seules choses qui n’ont pas changé sont nos centres d’intérêts. Manon et moi avons un goût prononcé pour la culture, le cinéma, la musique, les livres. Nos goûts sont semblables, notre sensibilité assez développée. Quand je découvre un film je le lui fais savoir, et quand elle découvre un album de musique ou un livre elle m’en fait part. Sous un ciel étoilé de 19h Manon me propose de passer chez elle avant d’aller à la soirée. Dans la voiture nous évoquons les dernières nouvelles, études, famille, états d’âmes, actualité. La discussion dérive sur nos dernières lectures.

 

-         - J’ai lu un petit roman il y a deux mois qui s’appelait « La corde du plaisir », lance-t-elle en engageant la voiture sur la nationale.

-         - Qu’est-ce que c’est, c’est un livre érotique ? Dis-je en la fixant dans les yeux, le sourire au coin des lèvres ayant pour effet de faire rougir Manon.

-          - Ouais mais l’histoire est vraiment bien écrite ! Se défend-elle tout en accélérant pour doubler une voiture. Les personnages sont super attachants et toi qui aimes les histoires d’amour complexes ça devrait te plaire.

 

Je joue quelques secondes l’homme offusqué, ironisant sur mon attrait pour la complexité des histoires d’amour. Manon ajoute qu’elle y a découvert un univers totalement inconnu pour elle. Le bondage, la servitude, le sexe lié au pouvoir. Je lui fais savoir que c’est un univers qui m’a longtemps intrigué, lui faisant croire que c’est de l’histoire ancienne. Probablement parce que je n’ose pas assumer devant Manon que c’est une branche de ma sexualité très présente. Je réalise que mon cœur s’est accéléré. Le fait de l’entendre dire « bondage », elle qui ne m’a jamais vraiment parlé de sa vie sexuelle, me fait comme un choc. Une image me vient. Je finis par lui demander.

 

-          - Et depuis ce livre tu as déjà essayé de le pratiquer ?

 

Manon ne me répond pas. Elle sourit et me raconte un souvenir. Elle avait couché avec un homme un soir, le mois dernier, et lui avait demandé de l’attacher. Surpris et déstabilisé il n’a pas su entreprendre la chose et finalement c’est Manon qui a pris deux ceintures et lui a attaché les poignets.

 

-          - J’ai joui, me confie-t-elle en me regardant, pleine d’émotion. Son sexe enfoncé en moi m’a fait jouir. Je le dominais, je regardais ses poignets, je sentais sa soumission, et ça m’a plu.

-          - Manon je te reconnais plus ! Tu me parles de bondage, puis tu me parle de tes orgasmes.

-          - Oh pardon, je ne pensais pas que…

-          - Mais si c’est fabuleux ! Ma petite, tu t’es décoincée on dirait !

-          - Salaud ! Rit-elle en me donnant une tape que je pare à l’aide de mon coude.

-          - Tu roules un peu vite, tu ne trouves pas ?

-          - Oups, oui …

 

La discussion se poursuit sur d’autres sujets. En arrivant chez elle, Manon me confie à nouveau être contente de me revoir et me serre dans les bras. Personne n’est chez elle. La maison est plongée dans la pénombre, le chauffage est maintenu au minimum. Je pose mes affaires dans l’entrée.

 

-          - Ma mère ne rentre que demain. On va aller prendre l’apéro chez Alex ?

 

19h45.

Nous arrivons cent mètres plus loin chez Alex. La soirée commence par des retrouvailles explosives et euphoriques sous de multiples embrassades avec six copains et copines. Je suis heureux de retrouver Patrice et Alex. Trois mois de séparation sont ressentis comme une éternité d’éloignement et contrastés par ce sentiment de ne s’être jamais quittés. Certains mènent une vie étudiante, d’autres sont déjà dans la vie active. Les bouteilles d’alcool clinquent sur la table basse, il n’y a que l’embarras du choix. La fumée des cigarettes envahit la pièce, on se taquine, certains préparent l’apéritif en cuisine, d’autres installent les fauteuils autour de la petite table, Alex, le comique de service, lance une blague qui fait rire l’assemblée. L’apéritif démarre.  


20h30. La discussion tourne autour d’internet.


-          - Les fichiers sont trop longs à envoyer sur MSN, je trouve. Quand je veux envoyer cinquante photos, il me faut deux heures pour envoyer le tout via MSN, honnêtement, c’est chiant ! Dit Thomas tandis que je reçois un message sur mon téléphone.


<Estelle> : Hâte de te revoir à la fête ce soir…


Comment ai-je pu oublier Estelle, une copine avec qui j’avais couché début Septembre lors de notre dernière soirée entre potes. Une fille avec de grandes jambes, plutôt attirante, mais qui manquait trop de confiance en elle et qui masuqait sa personnalité derrière de faux-semblants. Elle portait toujours un jean slim avec des ballerines et négligeait sa chevelure pourtant jolie. Estelle m’avait avoué des sentiments envers moi qui malheureusement n’étaient pas réciproques. Je pensais que le temps la ferait m’oublier, mais les trois petits points à la fin du message me laissaient penser le contraire.   


-          - Sinon tu peux compresser tes fichiers et les envoyer par e-mail, ajoute Patrice le spécialiste en informatique. Si le tout ne dépasse 10Mo en quelques minutes le tour est joué ! Il y a plein de sites qui se lancent dans le partage de photos, mais ça marche pas.


Je réfléchis au message que je peux renvoyer à Estelle. Comment lui faire savoir que je ne suis pas intéressé, tout en restant neutre ? Manon me regarde, le regard pétillant, complice. Son regard doit briller à cause de l’alcool. Alors quel message répondre ? Ma plus grande faiblesse se situe là, je ne supporte pas de blesser les gens.


<Moi> : A tout à l’heure !


Non, trop indifférent…


<Moi> : Hâte de te revoir aussi !


Non, je lui donne trop d’espoir…


-         - Ce qui serait cool c’est un site où on pourrait partager des photos, chater, … dit Manon. 

-         - J’ai un cousin qui est parti vivre aux States, dis-je en remettant le portable dans ma poche. Il m’a parlé d’un site qui s’appelle Facebook, c’est un site de partage de photos. Ca a l’air pas mal.

-            - Ouais mais c'est un petit site comme on en voit plein, souvent payant et tout. Le mieux ça reste MSN, rétorque Patrice. Ce à quoi je lui réponds :

-         - Je m’y suis inscris, c'est gratuit, et j’ai vu plein de photos de mon cousin pendant son séjour. C’est rapide, fluide, le design épuré, moi je trouve ça plutôt sympa.

-          - Oui mais t’as combien de connaissances qui y sont inscrits à part ton cousin ?

-            - Personne.

-          - Voilà, donc le concept marche quand t’as déjà une poignée de potes. Mais à moins que des milliers de gens s’y connectent, ce qui m’étonnerait puisqu’il existe déjà MSN, ton site Workbook ? Non ? Facebook ? Déjà nom chelou, ça ne va pas marcher. Ce qu’il faut c’est une version 3.0 de MSN, et un internet plus rapide. J’ai un pote informaticien qui me parle de fibre optique.

-          - Moi je trouve ça intéressant comme concept, me glisse Manon en aparte.

-          - Non peut-être que Patrice a raison.

-          - Ne te laisse pas impressionner par ses idées, crois en ton intuition, me dit Manon en me lançant un sourire complice.


<Moi> : Hâte de vous revoir tous ! – message envoyé


22h00.

Après deux ou trois verres chacun, une marmite de spaghettis bolognaise avalée et les plats de biscuits apéritifs vidés, le groupe se prépare à partir de chez Alex pour rejoindre le cœur de la soirée où tous les autres copains seront présents. Chacun enfile son manteau, son écharpe. La fête se situe à trois cents mètres de chez Alex. Le groupe s’y rend à pied.

Les basses martèlent un rythme rapide sur le chemin conduisant à la maison. Des gens discutent dehors, Manon se précipite vers des copines du lycée.

 

Debout et immobiles à l’entrée de la propriété, Alex, Patrice et moi faisons un point avant d’entamer la fête. Alex écrase sa clope et lance à l’adresse de Patrice et moi d’un ton solennel et humoristique :


-          - Messieurs, dit-il le sourire au coin des lèvres, ce soir nous allons franchir une nouvelle étape. Je vous annonce que je vais dormir entre quatre seins.

-          - Oui, ce soir ça va roxer du poney, ajoute Patrice, l’air tout aussi solennel et décalé. Je vous annonce que je vais dépuceler de la geek.


Je tire une dernière bouffée de cigarette tout en pensant à Manon et à son apparente déclaration d’amour envers le bondage, ainsi qu’à ses petits regards pendant l’apéritif.


-          - Et toi ? Me demandent-ils, tu annonces quoi ?

-          - Moi j’annonce que je vais serrer des liens. Je lâche le mégot qui tombe à mes pieds et avance vers la maison.

-          - Il voulait dire resserrer des liens ? Interroge Alex, perplexe.


J’entre dans la maison où une dizaine de personnes plaisante dans le hall. Deux copains se montrent un album CD derrière la sono tandis qu’une DJ programme sur son ordinateur le tube de Madonna « Get together » qui envahit la maison, les basses vibrantes et puissantes. Seule une installation de lumières façon boîte de nuit éclaire les pièces de la maison. Une obscurité typique des boîtes de nuit règne, donnant une ambiance à la fois festive et intime à la soirée. Un groupe de filles discute dans le couloir que je traverse pour arriver dans la cuisine où des garçons préparent sur un plateau de nombreux shots d’alcool tout en riant grassement à une vanne. Je rejoins le salon éclairé par des petites lampes tamisées où une trentaine de copains trinquent et discutent bruyamment. Lorsqu’on me voit arriver, suivit d’Alex et Patrice, tous s’exclament démesurément. Je comprends que tout ce monde est déjà saoul. On me serre dans les bras, on me propose un verre d’alcool.

-          - Alors, comment tu vas ? Me dit une voix derrière moi.

-          - Estelle, mais tu es… sublime !

-          - Merci … sourit-elle, gênée.


Je suis surpris de voir que la jeune femme avec qui j’avais couché trois mois auparavant s’est transformée en jeune femme sexy et visiblement plus sûre d’elle.


-          - Alors fini le slim ballerine, dis-je pour la taquiner.

-          - Haha, enfoiré !

-          - Cette tunique te va bien ! Mes yeux descendent et découvrent de belles jambes sculptées, nues de la mi-cuisse à la cheville.

-          - Je l’ai mise en pensant à toi, murmure-t-elle en s'approchant de mon oreille.

-          - Ah… Eh bien tu es très jolie dedans ! Je lui lance un sourire un peu crispé et m’en vais rejoindre Alex qui propose à tout le monde de trinquer. On lève son verre en l'air en attendant l'annonce d'Alex.

-          - Ce verre, chers amis, on le boit à la santé de…

-          - … à l’avortement du projet de loi CPE ! lance quelqu’un.

-          - Non, pas assez sexy, coupe Alex, buvons plutôt à la santé de Maeva, la DJ et occasionellement geek la plus sexy de la soirée qui est en train de nous mettre du son qui déchire !


Tout le monde crie en cœur et boit cul-sec son shot d’alcool au moment où la chanson « Pump it » des Black Eyed Peas rugit des enceintes. L’ambiance est détonante, j’aperçois Manon venir vers moi pour trinquer.

-          - Bah alors, tu ne bois pas ?

-          - Je t’attendais…

Nous croisons nos bras et je bois d'un geste vif la boisson qui m’éloigne doucement de la réalité. 

-          - Je crois que je commence à être bien, là. Me confie-t-elle.

-          - J’allais dire la même chose !

-          - Allez, on va danser.


Nous entrons sur la piste, euphoriques, les sens en éveil, les lumières multicolores s’agitant dans tous les sens, nous transportant dans un autre univers. Manon ondule devant moi, animée par le rythme rapide de la chanson. Le refrain arrive et Manon avance sa cuisse vers mon entrejambe et m’invite à suivre son mouvement. Ses mains se posent sur mes épaules, je pose les miennes sur ses hanches, les fait remonter vers ses épaules, les fait glisser le long de ses bras, nos paumes se rejoignent, je la fait tourner sur place, elle recule, me fixe du regard et exécute gracieusement des pas solos quand Fergie chante un couplet. Manon emploie une vive énergie que je ne connaissais pas jusqu’à ce soir. Elle avance vers moi, étonné, quand je reprends ma danse pour les dernières secondes de chanson avant que nous n’entendions « J’adoooooore » de Philippe Catherine qui enflamme la piste avec sa chanson « Louxor, j’adore », le tube qui réunit la totalité de la fête sur la piste de danse.


Minuit.

Je fume dehors, seul, dans l’obscurité. J’observe la soirée qui se déroule derrière une baie vitrée. Manon se fait draguer par Malcom, un garçon que je ne connais pas, mais qui semble être bien attiré par elle. Je les observe, sans entendre leurs paroles. Je reconnais l’attitude de Manon, ce regard insistant, sa main qu’elle glisse nerveusement dans ses cheveux, ces sourires multiples et injustifiés. C’est l’attitude qu’elle a adopté à chaque fois qu'elle est tombée amoureuse d'un type qui profita de sa gentillesse et de son corps. Près d’eux, Alex fait le coq entre deux jolies filles à la chevelure blonde et lisse. Je ris.     


00h15. De retour dans le salon.

J’entame un nouveau verre en songeant que je dois être la personne la moins ivre de la soirée. Les gens s’agitent, font des jeux stupides, dansent, s’embrassent, disent chercher les toilettes tout en entrant dans la cuisine, je bois une gorgée quand Estelle arrive devant moi.


-          - J’ai très envie de toi.


 Je recrache la boisson dans le verre, ce qui fait éclater de rire la belle aux grandes jambes qui me chevauche sensuellement, prend mon verre dans la main et m’embrasse de force. Je devine qu’elle ne porte rien sous sa longue tunique. Ses mains agrippent mes cheveux, comme pour me maintenir immobile pendant le long baiser. Cela me donne une érection. Elle recule sa tête, me regarde et se mord la lèvre.


-          - J’ai des préservatifs, m'annonce-t-elle.

-          - Attends, je n’ai jamais dit que je voulais …

-          - Il te faut quoi pour que tu aies envie de moi ?


C’est vrai, qu’est-ce que m’empêche de coucher avec Estelle ce soir ? Je réfléchis une seconde, quand le visage de Manon me vient à l’esprit. Je vois le temps d’un instant son visage, bâillonné, les poignets et chevilles jointes et fermement maintenues par une corde épaisse. L’image que j’ai eue dans la voiture en début de soirée en l'écoutant.


-          - Il y a une autre fille ?

-          - Ce n’est pas ça.

-          - Tu aurais pu me le dire plus tôt.

-          - C’est plus compliqué.

-          - Alors explique-moi, t’es déjà casé ? C’est vrai que je ne t’ai pas demandé.

-          - Si, il y a une autre fille, dis-je, peiné de dévoiler une partie de la vérité, mais c’est parce que… Tu connais le bondage ?

-          - Le quoi ?

-          - J’ai envie d’attacher une fille ce soir et de lui faire l’amour sauvagement.


Non, il ne faut pas que je lui réponde ça, elle va paniquer.


-          - … c’est parce que je n’ai pas particulièrement envie d’une relation.

-          - Ca va on peut juste passer un bon moment ensemble on va pas se mettre en couple.

-          - Et en plus tu baises mal.

-          - Quoi ?


Non, et en plus je vais me ramasser mon verre dans la figure. Voilà, je sais quoi lui répondre.


-          - … Estelle, je te trouve très séduisante, en particulier ce soir, et je te considère. Je lui prends la main entre mes deux paumes. Mais j’ai d’autres projets pour ce soir. J’espère que tu ne vas pas mal le prendre.


Estelle reste interdite un instant.


-          - Eh les gars y a Yohan et Sam qui font un battle de bière dans la cuisine tout le monde est invité ! Crie Thomas à l’attention de tous.

La grande et ravissante Estelle me sourit affectueusement.  


-          - On va voir le massacre ? Me lance-t-elle.

-          - C’est parti. Estelle me tend la main pour m’aider à me lever du fauteuil.

 

01h00.

La fête est probablement à son apogée. Malcom glisse sa main sous le pull de Manon et lui caresse le dos. Celle-ci se laisse faire, probablement excitée par le bonhomme. Debout au milieu de la piste de danse, mon corps est immobile, j’ai l’impression de vivre un timelapse où les gens se déplacent en accéléré autour de moi, tandis que je reste figé, dégustant la première gorgée d’un verre de bière savoureuse. J’observe Manon comme si elle s’éloignait de moi. Je sens de la frustration monter, je suis agacé, je suis…


-          - Eh mec, t’as l’air d’un pervers avec ce regard ! Me crie Patrice, ivre derrière la sono.


J’éclate de rire.


-          - Tu as raison, mec ! Comme ils disent par là-bas, Prosit ! Je bois le verre cul sec avant d’ajouter. Allez, bonne bourre !

-          - Qu’est-ce qu’il a dit ? Demande Maeva, la DJ en retirant son casque audio.

-          - Non, non, rien, dit Patrice gêné. Et ce logiciel, tu l’as uploadé récemment ?


Mes jambes se dirigent seules vers le couple.


-          - Manon, je peux te voir une minute s’il te plaît ?

-          - Oui, bien sûr, qu’est-ce qu’il y a ?

-          - Je te l’emprunte une minute, d’accord ? Dis-je à l’adresse de Malcom.

-          - Pas de problème, de toute façon elle n’est pas encore à moi ! Dit-il en faisant un clin d’œil à Manon.


Je prends mon amie par la main et l’emmène loin du salon, à travers les longs couloirs de la maison, là où la musique se fait moins bruyante, là où la pénombre règne. Dans une chambre, un groupe de cinq ou six personnes font un stip poker. Visiblement ce sont les hommes qui perdent.


-          - Qu’est-ce que tu veux me dire ? S’impatiente Manon.

-          - Il faut que je te dise un truc, mais pas dans le couloir.

-          - Ici, dans cette chambre alors, propose-t-elle.


J’ouvre la porte indiquée et surprends Alex en plein négociation, à moitié nu avec les deux jeunes femmes blondes qui apparemment ne veulent pas s’embrasser.


-          - … pas parce que tu embrasses ta copine que tu es lesbienne, tu sais. Il faut laisser parler le désir. Merde les gars qu’est-ce que vous faites ?

-          - Désolé Alex ! Eclate de rire Manon qui referme la porte.

-          - Cette porte, là, il n’y a personne.


J’ouvre la porte de la salle de bain. Manon actionne l’interrupteur, un jacuzzi apparaît. Je m’exclame du luxe de l’endroit.


-          - Manon, il faut que je te dise, ce mec-là, t’es pas obligée de faire ce qu’il te dit.

-          - Non, mais ne t’en fais pas, il est gentil lui, c’est un bon pote de Thomas en plus.

-          - Comment dire, je n’ai pas envie que tu te mettes dans une de ces relations qui vont te faire souffrir. Je décroche mon regard des yeux de Manon et aperçois un immense miroir au-dessus de l’évier. Dans ce miroir je me vois, les yeux brillants, le visage crispé.

-          - Je suis assez grande tu sais, j’ai pas besoin de toi pour me surveiller.

 

C’est étrange, cette sensation que mon image me renvoi, je ne pensais pas avoir cet air-là quand je tentais de protéger Manon. Je ne sais pas si c’est l’effet de l’alcool, l’électricité ambiante de la soirée, ou tout simplement mes couilles que je saisis dans les mains, mais je prends une décision. Mon bras contourne le corps de Manon et ma main se plaque entre ses omoplates la forçant à s’approcher de moi. Mes lèvres viennent se poser sur les siennes. D’abord surprise, la belle succombe à mon geste. Mes mains remontent vers son visage et le serrent.

-          - Mais… pourquoi ?

-          - J’ai envie de toi, Manon.


Son regard brille, non pas à cause de l’alcool, mais bien parce que je la vois émue.

-          - Manon ? Appelle la voix de Malcom à l’entrée du long couloir. Manon, t’es où ?


J’éteins la lumière de la salle de bain, nous plongeant dans l’obscurité. Seul un trait lumineux rayonne en bas de la porte.


-          - Pourquoi tu ét…mhh.


Je plaque ma main contre sa bouche, l’obligeant à se taire. Manon lève doucement sa main et la pose sur la mienne, comme pour me demander de la retirer. A l’aide de mon autre main je lui ordonne de se retourner pour se mettre dos à moi. Je lui saisis ses deux poignets et les maintiens solidement dans le dos. La voilà bâillonnée par ma main, les poignets bloqués entre son dos et mon ventre, incapable de se débattre tant je la tiens avec fermeté et douceur.


-          - Manon ? T’es où ?


Malcom ouvre une porte, une deuxième porte, se fait insulter par Alex, puis se rapproche de nous. Sous la porte on devine deux formes noires, Malcom s’arrête devant la salle de bain. La poignée grince légèrement, Manon, qui ne voit rien, émet un petit son de stupeur, je sens son cœur s’accélérer, ses muscles se crisper. Je murmure dans le creux de son oreille un très discret « chhhh… ». La porte s’entrouvre.


-          - Ils ne sont pas là non plus, grommelle Malcom qui referme et fait demi-tour.


Je relâche doucement la pression exercée sur sa bouche, et libère les poignets de Manon qui se retourne et me prends dans ses bras. Je ne vois pas son visage, mais je la ressens. Mon amie est soulagée. Soulagée et…


-          - … Excitée.

-          - Pardon ?

-          - Tu m’as excitée, me confie-t-elle. Ce que tu viens de faire, m’immobiliser, me bâillonner dans le coin de cette pièce, mélangée à la peur d’être découverte.

-          - Je ne savais pas que ça t’exciterais.

-          - Toi aussi, je pense.

-          - Qu’est-ce qui te fait croire que …

-          - … j’ai senti ton sexe se durcir quand tu m’as plaquée contre le mur, lance-t-elle d’un regard faussement dépité.


Nous rions doucement. Je la prends dans mes bras et l’embrasse à nouveau. Nous sortons de la salle de bain.

-          - Toutes les chambres sont prises on dirait, souligne Manon.

-          - Oui, trois qui sont occupées, dont une par Alex qui n’a toujours pas eu la présence d’esprit de fermer à clé, et deux chambres fermées à clé. Nulle part où aller.

-          - Allons chez moi...

-          - Heureusement que tu n’habites qu’à trois-cent mètres d’ici. Elle me répond par un sourire.

 

Suite au prochain article.


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